MATCH REPLAY. Le jour où... Metz ramone Barcelone.

Bernad et Sanchez pactisent.

Lorsqu'ils remportent la coupe de France devant Monaco en 1984, les Messins écrivent déjà une belle page de l'histoire du club. L'équipe du président Carlo Molinari valide dans la foulée son ticket pour la coupe des vainqueurs de coupes et n'imagine pas, quelques mois après son succès au Parc, qu'elle va signer un des plus beaux chapitres du roman des clubs français en coupe d'Europe. Une petite revanche pour une région, la Lorraine, en proie à une crise économique qu'elle prend en pleine gueule et en voie de désindustrialisation à l'aube des années 80.

Sonor et Hinschberger : les charlots en action devant Archibald.

C'est pourtant un os qui attend le F.C Metz au premier tour de la coupe des vainqueurs de coupes édition 1984-85. Les Lorrains héritent du Barça et son trio magique, le CSA, à savoir Carrasco-Schuster-Archibald. C'est la MSN de l'époque, sans tatouage, mais avec du poil aux pattes. A l'aller au stade Saint-Symphorien, le 19 septembre, la rencontre ressemble à un match de gala offert aux supporters messins après la victoire en coupe de France. Un cadeau empoisonné qui permet aux 22.000 spectateurs de mesurer l'écart entre les Calatalans et les joueurs locaux. L'équipe de Terry Venables se promène en Lorraine et profite des failles de la défense messine, trop tendre, et des bévues du gardien Michel Ettore que le Barça emmène danser, ce soir-là, dans ses filets. Barcelone s'impose (2-4) et pense déjà au prochain tour, en appuyant où ça fait mal par manque de modestie.

« On va offrir un jambon à Ettore pour le remercier de tous ses cadeaux » plaisante Bernd Schuster avant le deuxième acte. L'Allemand jubile dans la presse comme son coéquipier Steve Archibald. L'attaquant écossais estime de son côté que le F.C Metz est « une bonne petite équipe de charlots. » Des clowns sans ressource quand, dans un Camp Nou déserté par ses socios – ils ne sont que 24.000  spectateurs présents ce 3 octobre – Carrasco ouvre la marque au bout d'une demi-heure. La promenade de santé se poursuit pour le Barça, sûr de son système tactique. En jouant très haut, les Catalans s'exposent aux contres et offrent des boulevards aux attaquants messins. C'est d'abord Tony Kurbos qui profite des largesses espagnoles (38ème) avant que Sanchez, capitaine blaugrana pas salaud et fair-play, donne l'avantage aux Grenats (43ème). A la mi-temps, Metz est en tête et le Camp Nou en rigolerait presque.

Carrasco-Ettore. Le coup de jambon.

En début de seconde période, Ettore tient la baraque et donne la frite à ses partenaires. Sur une ouverture de Jean-Paul Bernad, Kurbos file au but, dribble Amador et marque le troisième but messin (55ème). A cet instant, le Camp Nou sonne de plus en plus creux. Il reste trente minutes, qui semblent une éternité pour des socios désemparés par la prestation de son équipe. Barcelone continue son pressing aveugle et sans imagination, mais c'est Philippe Hinschberger qui donne des frissons aux supporters catalans, sur un tir qui frôle la lucarne,  à l'heure de jeu. Un ange passe sur le pré et dans les travées du stade. Les hommes de Marcel Husson ont des ailes et multiplient les contre-attaques. Sur l'une d'entre-elles, Tony Kurbos fait mouche, profitant d'un service de Jules Bocandé. Il reste cinq minutes à jouer et l'attaquant moustachu, grâce à son triplé, vient d'offrir la qualification à son équipe. « Un succès sans précédent face à un adversaire aussi prestigieux », selon Hinschberger qui savoure comme le reste de l'équipe. « Archibald nous avait traité de charlots, enchaîne Claude  Lowitz qui n'a pas oublié les paroles du buteur écossais après le match aller, eh bien, je lui retourne le compliment. » Pas de mal à se faire du bien. Le mot de la fin revient à Michel Ettore, héros malheureux du premier acte, qui tient sa revanche. « Le match que j'ai réussi ce soir est une réponse à tous mes détracteurs, jubile le gardien messin. Pour l'équipe, c'est super ce qui nous arrive. Ce soir, à Metz et dans toute la Lorraine, ce doit être la joie. » De quoi faire taire le CSA, privé d'image et de son ce 3 octobre 1984.

Tony Kurbos, héroïque moustachu.

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